Selon une étude présentée par l’Observatoire des métiers des services de l’automobile, la croissance des ventes de voitures électriques et le vieillissement du parc pourraient entraîner la perte de 100 à 1 300 emplois par an de 2020 à 2036.

Si la croissance des ventes de voitures électrifiées est bénéfique pour le climat et la planète, il en va différemment pour le chiffre d’affaires et l’emploi dans le secteur automobile. Tels sont les principaux enseignements qui ressortent de l’étude prospective présentée par l’Observatoire des métiers des services de l’automobile (Anfa).

« L’essor du véhicule électrique a une incidence : le moteur n’a pas besoin d’entretien et les batteries qui doivent être changées ont une durée de vie supérieure aux 7-10 ans initialement prévus par les constructeurs, expose Jocelyn Gombault, responsable projets à l’Observatoire, auteur de l’étude. Les dépenses en entretien d’une voiture électrique sont évaluées à la moitié de la valeur d’un véhicule essence, même si les réparations sont un peu plus chères, car électroniques. L’effet mécanique d’un changement de motorisation sur l’après-vente des réseaux de marque invite les distributeurs à réfléchir à de nouvelles sources de rentabilité ».

Par conséquent, le volume total d’opérations après-vente ainsi que le nombre d’heures de main d’œuvre devraient diminuer sous l’effet du changement de motorisations, dans des proportions plus ou moins importantes selon trois scénarios qui ont été esquissés à l’horizon 2036 (avec l’appui des cabinets Feria et TCG Conseil). Dans le scénario bas, le diesel freine sa chute et l’électrique reste minoritaire, dans le médian les véhicules électriques deviennent majoritaires dans les immatriculations et dans le scénario haut ils s’imposent au détriment des autres motorisations.

Les réseaux de marque les plus exposés

Mais quel que soit le scénario imaginé, une perte d’emploi est à craindre dans les prochaines années. Concrètement, l’observatoire estime que 1 600 (scénario bas) à 21 500 emplois (haut) pourraient être perdus sur la période 2020-2036 en raison des changements de motorisation et du vieillissement du parc, soit entre 100 et 1 300 emplois par an. Selon l’Anfa, cette érosion pourrait se concentrer dans les réseaux de marque, et en partie dans les centres-autos, compte tenu de l’âge moyen des véhicules traités par ces acteurs, tandis que les MRA, qui continueront d’intervenir sur des moteurs thermiques, pourraient voir leur emploi augmenter.

« Les deux tiers de la baisse d’emploi structurelle liée aux changements de motorisation et aux dégradations structurelles de l’après-vente seraient supportés par les réseaux de marque », avance ainsi l’étude.

Jusqu’à 1900 emplois perdus par an pour l’après-vente

L’Anfa rappelle cependant que cette évolution dépend également d’autres facteurs, structurels ou « tendanciels », comme la baisse du kilométrage annuel moyen, la fiabilisation des motorisations (y compris thermiques) et la diminution des pas d’entretien associés à ces phénomènes. Quant aux variables conjoncturelles, elles n’ont pas été évaluées dans cette étude. Ainsi, en prenant en compte les changements de motorisation, le vieillissement du parc ainsi que les « effets structurels de diminution de l’activité après-vente », l’observatoire table sur une perte d’emplois plus importante, entre 700 et 1 900 par an entre 2020 et 2036.

« Toutefois, il faut noter que, dans le commerce et la réparation automobile, entre 5 800 et 7 600 personnes partent actuellement annuellement en fin de carrière. La baisse d’emploi liée aux changements de motorisation pourrait être diluée dans ces départs et donc ne générer aucun licenciement économique, comme dans la période 2000 à 2013 », note l’Anfa.

Entre 2005 et 2018, l’emploi dans le secteur automobile (VP) a baissé en moyenne, annuellement, de 1 200 postes, avec des variations conjoncturelles comprises entre -7000 (année 2012) et +7000 emplois (année 2018). Enfin, si les métiers de mécaniciens, techniciens et de carrossiers semblent les plus exposés à travers cette étude, il convient de rappeler que ce sont actuellement les postes les plus recherchés dans les réseaux de marque.

Source : L’Argus Pro